L’adage latin, en forme d’oxymore, festina lente, s’applique merveilleusement bien au bottier, Anthony Delos. Il semblerait même que l’Art Poétique de Boileau (1636-1711) fût écrit pour lui :
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
À trente-cinq ans, il accumule, avec patience et ténacité, déjà plus de 18 ans d’expérience professionnelle, un parcours exemplaire de Compagnon du Devoir du Tour de France, dont 4 ans chez le mythique John Lobb. En 2004, il s’installe aux Rosiers-sur-Loire, en Anjou, et, à son tour, assure la perpétuation du savoir et du savoir-faire en transmettant sa passion à la nouvelle génération d’apprentis.
En 2011, Anthony Delos est couronné par trois lettres élogieuses : M.O.F, autrement dit, Meilleur Ouvrier de France.
S’il porte aujourd’hui très haut l’art de la botterie, du soulier sur-mesure, il s’inscrit aussi dans une histoire, une éthique et son travail de M.O.F est un hommage rendu à ses maîtres, notamment, François Pinet, reçu Compagnon en 1836 sous le nom de Tourangeau » la Rose d’Amour ».
À la manière des complications horlogères, cette bottine à boutons constitue un aboutissement technique et esthétique ; elle conjugue cousu trépointe et cousu norvégien tandis qu’un cousu norvégien tressé agrémente le talon.
Un panégyrique trop bruyant heurterait sa modestie, cette modestie propre aux grands. Alors place à quelques exemples de son travail ; les souliers qui naissent sous ses doigts sont ses meilleurs ambassadeurs, l’épithète n’ajoute rien.
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